« Free to Run » – un film de Pierre Morath : Synopsis de la mondialisation d’une passion
Si vous n’aviez rien à faire un lundi après-midi – en Sciences politiques c’est souvent le cas, de retour d’Australie aussi – alors c’était l’occasion d’aller au cinéma, qui plus est, voir le film de Pierre Morath : « Free to Run ». Occasion saisie par Morgane Borel et moi-même, les critiques à l’égard de ce film n’ayant été que positives. 14h45, nous voilà assis aux Galeries-Pathé, enfouis dans l’ombre de la salle 7.
Courir… Cette action, qui pour nous – membres d’un club sportif – nous semble si banale, possède une histoire chargée en émotions, symboles de luttes et autres transformations sociétales. Retour dans le temps, les années 60. Hors des stades, courir est une activité qui n’est guère pratiquée par le commun des mortels. Les premiers à pratiquer la discipline sont vus comme des marginaux, des individus non-conformes à la société. Mais le succès de la course à pied prend son envol et l’on assiste aux premières courses populaires, les premiers marathons. Ceci se fera notamment avec l’aide de la médaille d’or olympique de Frank Shorter, une surprise qui permettra un engouement populaire de la discipline.
C’est là que le film prend tout son intérêt. On entre alors en plein cœur du militantisme anti-establishment et du féminisme. Des athlètes comme Kathrine Switzer vont devoir se battre pour pouvoir être reconnues comme légitimes à courir et non pas juste s’épanouir avec la vaisselle. Un magazine, fervent défenseur des femmes dans le milieu, va connaître un succès retentissant : Spiridon. Noël Tamini, son fondateur, cherchera à promulguer la course à pied comme loisir ; la course à pied pour la santé et le plaisir et non pas seulement comme compétition. Steve Prefontaine, grand fondeur américain ayant tout gagné durant sa courte carrière, a confronté avec vigueur les organisations d’athlétisme, défendant l’accès pour tous aux courses, désormais dites « populaires ».
Pierre Morath mène à terme son ouvrage cinématographique à merveille, nous faisant découvrir une dernière légende : Fred Lebow. Avec son groupe les « New York Road Runners », il a tout simplement fondé un nouveau concept sportif en organisant le marathon de New York, premier en son genre. Reliant les cinq quartiers de la « Big Apple », le parcours partant de Staten Island pour terminer à Central Park a attiré des millions de passionnés et en amène encore et toujours. L’homme aux 69 marathons participera à son dernier en 1992, atteint d’une tumeur au cerveau mais « toujours vivant, toujours là ».Ce film exprime parfaitement l’esprit que l’on retrouve au Stade-Lausanne Athlétisme : convivialité, plaisir, passion et bonne humeur. En perpétuant cette façon de pratiquer, nous honorons ceux qui ont révolutionné la pratique du sport populaire, ceux qui ont transformé le regard porté sur la course à pied. Un film formidable qui vaut la peined’être vu, savouré et revu…
Le site officiel du film : http://freetorun.ch/fr/accueil/